Il est 17h. Dans ma nouvelle vie d’aventurier/blogueur/voyageur/photographe/joueur, il est l’heure d’écrire. J’essaie de gratter un petit peu chaque jour depuis quelques temps, histoire de ne pas perdre le fil et de ne pas oublier de vous mentionner les petits détails croustillants qui font le charme des longs récits.
Pour la première fois depuis le début de mon périple, j’ai dormi dans le même lit plus de 15 jours de suite, ici, sur l’île de Saint-Martin, et ainsi s’est installé ma nouvelle petite routine quotidienne. Levé 11h, petit tour sur Internet, près du spot wifi gracieusement offert par l’American University of Caribean pour checker mails, blog et réseaux sociaux, sport pendant 30 minutes, un bon déjeuné avec des produits sains dans la mesure du possible – « sain » est un mot très peu utilisé ici en ce qui concerne la nourriture, la quasi-totalité des produits étant importés des USA! -, une ou deux heures de détente, de méditation et de lecture à la plage, écriture, diner, et poker, de 21h à 3 ou 4h du matin. Enfin, et ce à mesure que les parties se font de plus en plus palpitantes, je mets une bonne heure à faire redescendre la pression et à décrocher, pour enfin m’endormir paisiblement vers 5h: à travailler! Mais bon, on s’en fou de ma vie, parlons jeu maintenant, puisque c’est tout de même le but de cette série de publication « My Poker Life »!
République Dominicaine
La première session de Texas Hold’em de l’aventure se déroulera en République Dominicaine, à l’occasion de mon passage dans la ville de Punta Cana, au Hard Rock Cafe & Casino. Le truc bête mais chiant, d’entrée de jeu, c’était la localisation, à plus une dizaine de kilomètres de l’auberge de jeunesse, qui nécessitait l’utilisation d’un taxi. Cela impliquait des frais d’accès élevé à la table de l’ordre de 40$ – les prix à Punta Cana sont exorbitants par rapport au reste du pays, quand on sait que l’on peut dormir 4 jours dans un hotel comme celui de Barahona avec la même somme, ça dérange! -, ce que je tacherai d’éviter à l’avenir. Bref, cette première session de 3 heures au Hard Rock Café sera mauvaise, pour ne pas dire très mauvaise: cavé à 150BB sur du NL100 1/2, je perdrai la moitié d’une cave en jouant horriblement mal et en me frottant bêtement à un régulier, et l’autre moitié en perdant un 70/30 contre un fish saoul, KK vs 56s à tirage couleur, all-in sur un flop Q94 qui fera quinte runner runner (T7, R3). Tellement peu content de moi ce soir là, je rentrerai à la maison sans recaver, retournant à mes occupations de simple baroudeur et oubliant le poker quelques temps…
Puerto Rico
Une semaine passe, et je recroise une ville à casino: San Juan, à Puerto Rico. Je m’y installe donc quelques jours avec l’envie de plumer du touriste et me lance à la recherche de bonnes vieilles tables de Cash Game. Habitué au 1/2 No Limit, j’ai d’abord été étonné par les limites proposées par tous les établissements du coin: du « 2/5 3 Bet Max 2BB ». Cela veut dire que la première relance préflop est limitée à 3BB, et que seulement 2 re-raise sont autorisés, à 5 puis à 7BB – mais cela s’avèrera être extremement rare. Idem au flop, turn et river, la première mise sera de capée à 2BB avec 2 re-raise autorisés, respectivement à 4 et à 6BB. Autant vous dire qu’il est de hors question de penser couper quelques côtes que ce soit sur ce genre de table, et à la vue des clients – des locaux ou des vacanciers simplement là pour se détendre et prêts à vous suivre au bout du monde pour un tirage double paire -, ça n’aura que peu d’importance au final.
Au début, j’ai hésité à sortir des limites que je m’étais fixés, à savoir les parties 1/2; mais voyant que tous les joueurs cavaient seulement entre 20 et 40BB, je ne me suis pas fait prier longtemps et me suis assis par trois fois aux tables du Mariott de San Juan avec 60BB devant moi.
En neuf heures de jeu dans ce même casino, je ne rencontrerai aucun professionnel, – peut être 2 ou 3 joueurs vaguement sérieux venus des US, mais guerre plus -, et opterai pour une stratégie très basique: bonne selection de mains pré-flop, relances à 3BB des mains ATs+ et présence dans des pots non relancés avec des connecteurs suités dès que plus de 3 joueurs sont dans le coup. A mon sens, il n’y a pas de secret sur ce genre de table: les pots dépassent rarement les 20BB et se gagnent avec un bon kicker, quand le vilain d’en face ne fait pas une moche double paire, une quinte ou une couleur sortie de l’espace.
Au final, je ressortirai respectivement des trois sessions avec +50BB, +30BB et +40BB, rattrapant mes bêtises de République Dominicaine.
Saint-Martin
Le 2 Janvier 2015, j’attérissais à Saint-Martin, paradis des joueurs et des flambeurs situé au beau milieu des Caraibes; c’est ici d’ailleurs, au Casino Royale de Sint-Maarten (nom de la partie Hollandaise de l’île) que se joue chaque année, en Novembre, le légendaire Caribean Poker Tour.
Grâce à mon ange sur place, une amie de mon grand frère, me voilà installé pour 31 jours dans un T2 excessivement cher, mais qui aura le mérite d’être sécurisé, près de plages magnifiques et des meilleurs casinos de l’île! Et oui, la (fausse?) bonne idée, c’est qu’à moins de 10 minutes à pieds de mon appart se trouve l’Atlantis World, seul casino à proposer des tournois réguliers, et le fameux Casino Royale, très connu également pour la fréquentation de ses tables de CG 1/2.
Ayant un loyer de 1200$ à rembourser et du temps devant moi, je me lance sans retenue aucune dans les tournois quotidiens proposés par l’Atlantis, enchainant le 300$ du premier Samedi du mois, le 100$ du Dimanche, le 20$ Rebuy du lundi, – non, le mardi c’est salsa, les pieds dans le sable à « La Bamba »! -, le 30$ Rebuy du Mercredi, le 100$ du Jeudi, … et tout ça sans la moindre victoire, tantot en déchattant sur ces structures à deux doigts d’un boucherie, tantôt en proposant un jeu de touriste médiocre, me mettant dedans de près de 750$ en moins d’une semaine: welcome le Frenchie! Quand on est un joueur « pro », et que l’on commence à douter de ses capacités à remporter le moindre dollars sur cette île maudite, que fait-on, je vous le demande?! Ben on appelle son pote JB et on lui balance tout ses problèmes à la tronche! Il passera le temps qu’il faudra à insister sur la variance du jeu, sur le fait que ça va venir et qu’il faut savoir rester patient, qu’avoir perdu 1/6 de sa BR n’est pas un drame en soi; bref, il vous reboostera pour la suite: BANZAIIII!!! Merci mon pote!
Suite à quoi, remonté comme une horloge Suisse et prêt à en découdre avec le monde entier, je suis tombé malade … Entre la fièvre, les prises de sang à 7h du mat sur le côté français de l’île, la fatigue et les visites chez le docteur, peu de temps et d’envie pour jouer, jusqu’au 20$ Rebuy du Mardi suivant, qui s’avèra être un échec plus constructif que les autres, mais un échec tout de même. Puis viendra le 30$ Rebuy du Mercredi à 42 joueurs et cette table finale où l’on partagera les gains à 4, après 5 heures de jeu: +827$! OMG, enfin un ITM!
Le lendemain, après m’être fait éjecté du 100$ du Jeudi sur un vilain set-up après une heure de jeu, il est encore tôt et je décide d’aller m’essayer aux tables de Cash Game du Casino Royale, sur les conseils de Patrick, un autre joueur français rencontré quelques jours plus tôt.
Il est 22h30, une table de NL100 1/2 est en cours et une seconde est sur le point d’ouvrir. Les 6 autres joueurs cavent entre 50 et 100BB. Comme à mon habitude, je cave à 150BB, comptant bien utiliser cet avantage sur mes adversaires. La soirée s’écoule dans une ambiance bon enfant sur une table pleine, avec des relances préflop assez élevés, entre 6 et 18BB, un niveau général plutôt correct (surtout comparé à San Juan), et la présence de deux gros fishs, véritables distributeurs automatiques sur pattes contre qui tous le monde veut jouer. Après une bonne période d’observation, je commence à sentir la table et je décide d’adopter un style serré agressif s’autorisant quelques relances pré-flop et une présence sur des pots non-relancés avec des connecteurs suités, toujours en position. Bref, rien de neuf sous le soleil, mais je m’attèle à garder une image impeccable qui me servira au moins deux fois dans la soirée pour remporter de gros pots en bluff contre des joueurs sérieux. Le temps passe vite, et la soirée s’enflamme sur la dernière heure, 3 joueurs de loto recavant tour à tour à coups de 50BB pour les reperdre aussitôt, sauf miracle. J’aime ces moments où l’alcool décrédibilise totalement la valeur du portrait de Benjamin Franklin, mais je me forçais à garder à l’esprit que ces gens là restaient de dangeureux loustics imprévisibles, tentant de casser n’importe quel gros jeu avec des mains très (très) médiocres. Finalement, je terminerai la soirée en remportant un pot à 100BB avec KK face à deux petit tapis all-in préflop, ayant respectivement JQo et T8o: easy money! A la fermeture, à 4 heures du matin, je repartirai avec un gain net de +242,5BB. Une bonne soirée qui me mettra en confiance pour le lendemain, même casino, même table, même combat, où je finirai à +120BB.

Entrée du Casino Royale de SXM
En résumé de ce premier épisode, je reste sur une série de cinq sessions de Cash Game positives contre un parcours en tournois tout juste positif et pour le moins aléatoire, notamment à cause d’un mauvais joueur (moi!) et des structures locales, trop Buffalo Grill (mise à part peut être celle du 100$…). Ne devrais-je pas voir ici une directive claire, à savoir privilégier le Cash Game?
Si vous avez des commentaires, quels qu’ils soient, n’hésitez pas à me les faire parvenir: retranscrire des parties de poker est assez nouveau pour moi, et j’avoue avoir un peu de mal à cerner le niveau de détail nécessaire à l’intérêt du lecteur. D’autre part, je tiens à jour un tableau statistique où sont repertoriés tous mes résultats, manière de ne pas m’auto-floué sur mes gains/pertes rééls – drame du joueur de poker moderne! Ca m’embête de le rendre public, mais sachez qu’il est disponible pour tout ceux qui me connaissent sur simple demande par mail.