Bonjour cher(e)s lectrices et lecteurs,
Voilà deux semaines que j’ai commencé mon projet de visites des écolieux de France et de Navarre tel un petit escargot tout mignon et vaillant, tractant fièrement Yolo au volant de ma VW.
Cette première étape nous amène dans le magnifique pays ariégeois, dans l’éco-village de Pourgues, à une heure de route au sud de Toulouse.
Eco-village de Pourgues, situé sur le commune Le Fossat, à 20 minutes de Pamiers en Ariège
L’éco-village de Pourgues, quésako ?!
Sur un domaine de 50 hectares, une trentaine de parisiens se connaissant vaguement au travers du petit monde des « écoles démocratiques » de la mouvance Sudbury, ont fait le pari fou de créer un micro-village élargissant la dynamique de l’auto-determination à tous les villageois, adultes comme enfants. Première réunions mi-2016, recherche de lieux, et bim, le coup de cœur à la première visite ! Contre-visite du groupe, réunion des fonds (près d’1M€ quand même !), et voilà que la gigantesque bâtisse principale voit l’arrivée des premiers habitants en Mars 2017.
Yolo sur les hauteurs de Pourgues
La « liberté » étant le maître mot du lieu à ses débuts – comprendre libre investissement en temps et en argent de chacun, liberté de vivre à son rythme, et « 1 habitant égale 1 une voix sans conditions » (oui oui, enfant y compris !) -, les premiers temps sont quelques peu chaotiques :
« Pourquoi moi, qui ait investi 100 000 euros et qui me défoncent pour faire vivre le collectif, je n’aurais pas plus de droit de décision que toi, qui a mis 0 copec dans l’histoire et qui ne passe dans la cuisine que pour becter ? » Et surtout : « Pourquoi je t’en veux ?! Parce que j’ai l’impression que tu ne fais rien ou parce que moi, je ne sais pas faire autrement qu’en faire trop ? ».
Ou autre : « Pourrais-tu mettre un maillot dans la piscine commune s’il te plait ? » … « Euh … NON, je suis libre… ».
Et c’est partis de zéro et petit à petit que, ces gens qui ne se connaissaient finalement que très peu ont, pierre après pierre, discussion après discussion, conflit après conflit, commencer à s’organiser, à co-habiter, et à finalement « faire société » autour d’un projet commun.

Bâtisse principales de Pourgues
Aujourd’hui, entre les « Conseil de village », les « Comité d’Enquète et d’Arbitrage », les « Agora », les habitants ont tout construit leur stabilité, mettant ainsi en place les règles, les moyens de communication et de décisions, les différents statuts des membres (engagés ou non, responsable ou non, …) nécessaires au bon fonctionnement du lieu. Je ne sais pas si vous vous rendez compte de l’énergie dépensée, mais surtout de l’enrichissement que chacun d’entre eux a reçu en retour et de la force de ces enseignements introspectifs; tout ça, sans jamais lâcher le cœur du projet : « vivre différemment et ensemble ».
Après plus de 4 années d’existence, Pourgues c’est à ce jour 42 habitants dont 18 enfants, un lieu d’accueil pour une vingtaine d’enfants de tout âges (intérieur et extérieur au village) et une activité touristique saisonnière originale et enrichissante qui permet de rembourser peu à peu les emprunts, de loger et de nourrir tous ses habitants. Chapeau bas !
Engagé en tant que « woofer » ou « bénévole » pendant 3 semaines, j’ai pris un plaisir immense à participer à la vie du village de l’interieur. D’abord en aide maraichère, j’ai re-appris à semer oignons, épinards, radis, salades, … issus de semences paysannes (bigup à Kokopelli en passant, association qui conserve et vend un immense catalogue de semences ancestrales et (trop) oubliés au cœur de l’Ariège). Puis est arrivé un groupe des 4 coins de France pour une semaine à thématique « Yoga » : alors il était temps de passer en cuisine, mon élément ! Parce que nourrir convenablement 55 personnes 2 fois par jour demande une sacrée organisation, j’ai eu la chance d’apprendre à cuisiner végétarien et varié, de partager mon expérience autour de pizzas et de panifications 100% locales avec des cuistos passionnés : un grand MERCI pour ça !
Session pizza à Pourgues grâce à mon super four portable et à leur four à bois! Ça a dé-po-té!
Au final, le groupe accueilli est ravi, plein de gratitude et ressourcé par cette connexion aux gens et à la nature. Merci aux nombreuses activités comme « le cercle des femmes », les « ateliers en forêt » ou les « Agoras ». Ce gens repartiront avec des étoiles pleins les yeux et cette petite graine en plus, qui germera peut-être un jour en eux : vivre différemment, en campagne, en micro-société loin de l’individualisme normalisé, c’est possible !
Et vous savez quoi, on enchaine : la semaine prochaine, c’est un groupe en stage d’immersion pour la « coopérative Oasis » (association qui répertorie et créé du lien entre les écolieux) qui arrive, avec ses individualités et leurs ambitions propres de découvrir différents collectifs pour en faire naitre de nouveaux partout en France, qui leurs ressembleront. Au programme, visite de Sainte-Camelle, de Terr’Azil et de Poul’Art, trois autres éco-villages de la région, découverte des organes décisionnels, des bonnes pratiques, retour d’expériences sur hauts et des bas que chaque lieu a connu et surtout, beaucoup d’échange humain entre membre de cette grande famille.
Quand mon pain rencontre les Pourgouyou(e)s!
Et il y a tant à découvrir! Pour ma part, mon premier enseignement sera que dans le domaine des écolieux, il n’y a pas de règle. Chaque lieu est différent, a ses fondements propres, ses piliers (éducation, autonomie, liberté, art, …), son modèle économique, ses « lois », son ratio collectif/privatif, etc … et comme écrit en début d’article, n’allez pas croire que tout est rose et que tout roule parfaitement dans le meilleur des mondes : vivre en collectif c’est nouveau pour beaucoup d’entre nous, c’est composer avec chaque individualité, c’est apprendre à dialoguer avec le cœur, à développer une écoute empathique, à se connaitre soi et à rencontrer l’autre « dans carte du monde », c’est à dire prendre le temps de comprendre ses limites, ses peurs et tout ce qui fait sa singularité pour sortir des conflits grandit. Pensez-en ce que vous voudrez mais à mon sens, il y a là une bien belle porte de sortie de crise pour l’humanité.
Vous aussi, vous avez envie d’en savoir plus sur Pourgues? C’est par ici!
Voilà mes ami(e)s, mes 3 semaines arrivant bientôt à sa fin, et j’ai profité de mon temps libre pour découvrir l’Ariège et « réseauter ». Et vous savez quoi ? L’énergie du coin, le grand nombre de collectifs qui vivent et se créent, ces jeunes venus de partout qui ré-animent les campagnes, … la mayonnaise semble prendre ! Alors je continue ma route, et je vous dis à bientôt sur un autre lieu 😊